De l'atelier aux Euroskills : Le parcours de Mathieu, passionné de soudage
La chaleur monte, le métal fond, et l’arc lumineux danse sous les mains de Mathieu, 21 ans. Concentré, il ajuste son geste au millimètre. Dans quelques semaines, il défendra les couleurs de la France aux EuroSkills, la compétition européenne des métiers où chaque soudure est scrutée à la loupe et où la moindre imperfection peut coûter très cher.
Mais avant d’en arriver là, il a fallu du travail, de la rigueur, des heures d’apprentissage et d’entraînement. Car être soudeur, ce n’est pas juste savoir manier une torche : c’est un métier de précision, de réflexion et de passion.
Un savoir-faire que Mathieu a affiné au fil des années, notamment au sein de la Fab’Academy de Nantes.
Le parcours d’un soudeur en route vers l’excellence
Tout commence par un simple stage de 3e. Accueilli au sein de la Société Métallurgique Doréenne, Mathieu découvre le monde de la chaudronnerie et du soudage… et c’est le déclic. Ce qui devait être une courte immersion devient une révélation. Quelques années plus tard, il y est toujours — cette fois, en tant que professionnel.
Avec la volonté de faire du soudage son métier, il choisit la voie de l’alternance à la Fab’Academy. Il y suit un CAP en chaudronnerie, puis poursuit avec un BAC Pro, toujours en alternance. Il termine son parcours avec une Mention Complémentaire en soudage, pour se spécialiser davantage, en phase avec les besoins de son entreprise.
Apprendre un métier qu’on aime, c’est ça le secret !
Depuis toujours, Mathieu savait qu’il voulait évoluer dans un métier manuel, concret. « Ce que je cherchais, c’était de faire quelque chose de mes mains, explique-t-il. Et quand on aime ce que l’on fait, tout s’enchaîne naturellement. »
Ce qui le passionne ? La polyvalence du métier.
« Assembler les pièces, leur donner forme, les mettre aux cotes… C’est beaucoup plus qu’un simple geste. Il faut être minutieux, rigoureux, mais aussi savoir réfléchir. On travaille autant avec ses mains qu’avec sa tête. »
Et surtout, on n’en fait jamais le tour.
« Aucune pièce ne réagit de la même manière. À chaque nouvelle réalisation, on est confronté à de nouveaux défis. Il faut s’adapter, résoudre des problèmes… C’est ça qui est génial : le métier est vaste, il y a toujours quelque chose à découvrir, une nouvelle technique à maîtriser…On progresse et apprend en permanence. »
D’un CAP en chaudronnerie à l’Europe : retour sur les prémices de cette belle aventure
Voilà déjà 2 ans que Mathieu s’est lancé dans l’aventure WorldSkills, la plus grande compétition mondiale des métiers. Le principe ? Valoriser l’excellence professionnelle et faire briller les talents issus de toutes les filières.
Poussé par ses formateurs et son entreprise, il relève le défi avec détermination. Résultat : médaille d’or aux sélections régionales des Pays de la Loire, puis médaille d’argent à la finale nationale, à Lyon, en septembre 2023. Cette dernière performance lui ouvre les portes des EuroSkills, qui auront lieu en septembre prochain à Herning, au Danemark.
« Tout le monde m’a soutenu, m’a donné ma chance. J’ai appris des choses incroyables, j’ai progressé étape par étape. Et aujourd’hui, je vais représenter la France à l’échelle européenne… C’est fou ! »
Une préparation digne d’un athlète de haut niveau
Depuis sa qualification, le rythme s’intensifie. Mathieu suit un entraînement hebdomadaire à la Fab’Academy de Nantes, libéré chaque vendredi par son entreprise pour se consacrer entièrement à la compétition.
Aux côtés de son coach expert en soudage Benjamin TERRIEN, Responsable ingénierie formations chaudronnerie du CFA, et de son entraîneur d’Hervé BÉROST, ancien formateur pilote en soudage à la Fab’Academy, il suit un planning exigeant, pensé pour l’amener à maîtriser tous les procédés du soudage attendus en compétition.
« Chaque vendredi en fin de journée, on fait le point : ce qui a marché, ce qui a coincé, pourquoi… Ce suivi, il est super important, explique Mathieu. Il nous permet d’ajuster, de progresser petit à petit, sans brûler les étapes. L’idée, c’est d’aller loin, mais sans se précipiter. »
Une aventure humaine et collective
Au-delà de la technique, cette aventure est aussi humaine, mentale et physique. Des regroupements réguliers sont organisés pour les membres de l’équipe de France des métiers.
« On a déjà participé à deux regroupements, le dernier a eu lieu la semaine dernière à Aix en Provence. Ça nous fait prendre conscience de plein de choses, on sort de notre quotidien, on bosse sur le mental, sur le collectif. Et en plus, on découvre de nouveaux métiers, de nouveaux univers et de nouvelles personnes. C’est vraiment une aventure forte et belle. »
L’encadrement joue aussi un rôle important dans cette dynamique : le lien fort avec son coach et son entraîneur crée un véritable esprit d’équipe comme le souligne Mathieu : « On tisse des liens solides. C’est motivant humainement, et ça donne encore plus de sens à ce que l’’on fait. »
Dernière ligne droite avant les EuroSkills
Dans son entreprise, Mathieu pratique principalement le soudage semi-automatique. Mais en compétition, il doit aussi maîtriser deux autres procédés : le TIG et l’électrode enrobée. Moins familiers pour lui, ces procédés demandent donc un entraînement spécifique et plus intensif.
« Je dois rattraper un peu de retard, forcément, reconnaît-il. Mais c’est ça aussi le challenge : sortir de sa zone de confort, revenir aux bases et consolider ce que j’ai appris. »
Avec lucidité, il accepte les hauts et les bas de cette préparation exigeante :
« L’important, c’est de rester positif et ne pas baisser les bras malgré la pression, d’accepter que l’erreur fait partie du processus. On sait qu’on a le droit de se tromper, tant qu’on progresse. Et moi, j’apprends tous les jours. »
Le véritable défi pour Mathieu, aujourd’hui, est donc clair : rattraper son retard sur les procédés les moins maîtrisés et progresser là où il se sent moins à l’aise. Un défi qu’il aborde avec motivation et une belle énergie.
